POLITIQUE - Pour la mémoire et les promesses. Le président de la République s’envole ce mercredi 27 septembre au soir pour la Corse où il entend rester jusqu’à vendredi matin. Trois jours de déplacement, ramenés à deux si l’on comptabilise uniquement ses heures de présence sur l’île, et un programme relativement chargé pour le chef de l’État.
Sa virée insulaire va s’articuler en deux parties, au moins. Une étape, mémorielle ou historique, sera consacrée à la célébration des commémorations des 80 ans de la Libération de la Corse. Pour cela, le président de la République doit se rendre à la citadelle de Bastia jeudi après-midi, puis sur la place Saint-Nicolas, lieu emblématique de la ville, pour y présider une cérémonie militaire.
Des rendez-vous protocolaires qui seront précédés d’un moment bien plus politique, et donc plus ardu, depuis l’Assemblée de Corse à Ajaccio, jeudi 28 septembre au matin. Car si Emmanuel Macron se déplace - à nouveau - sur l’île pour parler de son passé et glorifier l’esprit de « résistance et de résilience propre au peuple Français », selon le vocable de l’Élysée, son avenir institutionnel sera évidemment dans toutes les têtes et les discussions.
Moment « crucial » pour l’avenir de la Corse
Depuis juillet 2022, l’agression mortelle d’Yvan Colonna en prison et les manifestations violentes qui ont suivi sur l’île, le gouvernement a lancé tout un cycle de discussions avec les élus locaux. Le but : trouver « comment apporter des solutions aux problèmes que rencontrent les Corses dans leur vie quotidienne en prenant au mieux en compte les spécificités de l’île », selon les lettres de la mission donnée par Emmanuel Macron à son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Plus d’un an plus tard, le chef de l’État se rend donc sur place à un moment « crucial », selon la présidence de la République en amont de ce déplacement. Un moment « où les positions semblent se rapprocher dans le sens d’une meilleure compréhension », indiquait-on à la presse mardi soir, et laissent miroiter un « accord peut-être possible entre une majorité de groupes qui siègent à l’Assemblée pour engager des évolutions institutionnelles conformes au cadre républicain. »
Comprendre, derrière cette prudence : les deux parties n’ont jamais été aussi proches de se taper dans la main, selon l’Élysée. Vers l’autonomie de l’île ? À travers une réforme constitutionnelle ? Il faudra malgré tout attendre le discours du président de la République pour savoir ce qui est concrètement envisagé. Notamment parce que les discussions sont encore en cours.
« Restaurer le lien de confiance »
Pour l’instant, le palais présidentiel se borne à répéter les lignes rouges tracées par Emmanuel Macron il y a un an : le maintien de la Corse dans la République et le refus de créer deux catégories de citoyens. Des limites qui étaient largement franchies dans l’accord trouvé par l’Assemblée de Corse en juillet dernier, puis transmis à l’Élysée dans la foulée, à en croire le Château.
Les élus locaux prônaient notamment la « reconnaissance juridique du peuple corse », « un statut de co-officialité de la langue corse » ou encore « la reconnaissance du lien » entre le peuple corse et sa terre via « un statut de résident. » Autant de points inacceptables, en l’état, pour Emmanuel Macron, car « trop éloignés du cadre républicain », selon la présidence, qui promet de « trouver des réponses » à ces revendications malgré tout. Avec la lumière au bout du tunnel ?
Dans ce contexte, « ce qui compte c’est l’aspect politique et restaurer le lien de confiance », veut croire de son côté un fin connaisseur du dossier pour qui la Corse a, avant tout, « besoin de projets et de paix. » Autant d’enjeux qui devraient transparaître de la visite à double dimension d’Emmanuel Macron.
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